La fluorescence

La fluorescence n'est pas usuelle. Elle propose un regard neuf sur une qualité de la lumière et sur le découpage des couleurs. Associée au verre, la fluorescence interpelle par sa nouveauté, mais surtout par sa nature impossible car elle est une lumière révélée par la matière. Sa dimension perçue est profonde et mystérieuse. 

Mise en situation d'une lumière UV, ambiance onirique

L'atelier verrier d'Yves Braun est un lieu dédié à l’exploration de la relation lumière/matière.

La recherche sur les matériaux se pose en principe ressource et dynamique de sa démarche de plasticien.

Filtre ou prisme sont les écritures usuelles de la sculpture de verre et les moyens de jouer la partition d'un jeu visuel avec les flux lumineux. La sculpture fluorescente échappe à cette lecture et propose un autre langage du verre, porteur d’une poésie nouvelle de la lumière.

La fluorescence fascine, elle absorbe le regard, parle aux sens, à l’imaginaire et à l’inconscient. Elle est profondément enracinée dans les mythologies (iconographies, science-fiction, monde abyssal, cristaux intelligents...)

Perçue comme manifeste de la lumière révélée, elle impose son mystère.

En tant que couleurs-lumières, les verres fluorescents participent à la classification des systèmes RVB couvrant le spectre du visible par synthèse additive. Mais le verre fluorescent a sa propre grammaire d’assemblage des couleurs ; il renvoie aux questionnements perpétuels depuis Platon sur le ressenti et l’impossible classification des couleurs.

Dans le domaine des arts visuels, le fluorescent est peu présent, soutenu surtout par les arts du spectacle et par le pictural. Avec les matériaux de la transparence, la fluorescence ouvre sur une tout autre dimension.

L’émission lumineuse d’une forme en verre ne se développe pas en surface mais au cœur de la matière et simultanément se propage par conduction lumineuse à l’ensemble de sa géométrie. Il en résulte des corps éclairants dé-focalisés, dépouillés des ombres portées, sans référents visuels familiers.

La perception de cette poétique nouvelle laisse le regard vague, et le cerveau perplexe. Le ressenti est apaisant, méditatif, et qualifié de « zen » …

Yves Braun propose l’abandon du regard dans cet insaisissable, et l’expérience de ce voyage impossible, vers un non-lieu mythique et merveilleux où la matière s’efface et raconte sa lumière …

«… ici la lumière transcende le réel et nous amène vers une dimension mystique qui renvoie aux cosmogonies dans lesquelles elle est à l’origine de la création et de la vie.»

Laurent Subra, Directeur du Musée/Centre d’art du verre de Carmaux